L’entretien d’embauche, le graal des chercheurs d’emploi… Auquel ils se présentent sans l’avoir préparé! Dans cet article, je ne vais pas traiter des sempiternelles histoires de dix questions qu’il faut connaitre, des « techniques » telles que… »Arriver en avance » (?!) parce que tout cela a déjà été traité en long, en large et de travers, par des gens qui n’y connaissent pas bien plus que vous en la matière, mais qui ont la (mal)chance de devoir écrire des articles pour vivre. Ce dont je vais parler aujourd’hui, c’est de la stratégie que vous devez avoir en tête lorsque vous arrivez en entretien, et de la manière dont vous devez prendre le contrôle.
Rappels préliminaires
Si vous avez eu la chance de m’avoir comme coach (et sinon, il est temps de réserver un premier rendez-vous!) vous avez dû construire une proposition de valeur. Et comme cette proposition de valeur n’existe pas seulement pour faire joli, vous allez l’exploiter ici comme vous avez pu l’exploiter précédemment dans vos outils tels que la lettre de motivation ou votre profil LinkedIn ou lors d’évènements de réseautage… Et si vous n’avez pas construit de proposition de valeur, alors allez le faire: lire cet article sans elle ne sert à rien!
Il n’y a qu’une question en entretien
Tout d’abord, tuons un mythe: en entretien, il n’y a pas de question piège. D’une part parce que tout le monde connait les soi-disant « questions pièges », et que d’autre part un entretien ne sert pas à piéger mais à connaitre le candidat. J’avoue toujours être sidéré quand je pose la fameuse question « trois qualités et trois défauts » et que la réponse est malhabile: tout le monde connait cette question. Cette question n’est pas un piège: c’est un révélateur de feignasses! Quiconque aurait passé plus de 5 minutes à s’intéresser à ses futurs entretiens aurait forcément une réponse. Ou alors… Peut-être que vous ne voulez pas réellement un job?
Franchement, pourquoi allez-vous en entretien si vous n’avez rien préparé? Restez chez vous: vous perdez du temps, et vous en faites perdre à votre recruteur! Et comme il y a toujours un candidat qui a plus faim que vous, il vous passera devant.
Pour ceux qui souhaitent arrivés préparés en entretien, sachez qu’il n’y a en fait qu’une seule question: « Parlez-moi de vous ». Cette question, longtemps proposée par des recruteurs qui n’avaient pas préparé leur entretien (eux non plus), est en fait ce que l’on peut attendre de mieux d’un entretien, même si elle n’est pas la plus populaire. En général, le candidat va réciter son CV, sur le thème: « j’me présente, je m’appelle Henri, j’aimerais bien réussir ma vie, être aimé-eh » (Daniel Balavoine). Le début de réponse est donc souvent: « Eh bien je m’appelle Tartempion, j’ai tel âge, j’habite à Pétaouchnock, et je suis (titre du job) » et ensuite on a droit à l’expérience ou la formation, selon l’âge du candidat. Vraiment, la vie des recruteurs est difficile. Entendre des platitudes et des discours sans intérêt toute la journée, quel enfer!
Avez-vous remarqué, d’ailleurs, que lorsque les recruteurs vous posent cette question, il plongent leur nez vers votre CV ou leur feuille de notes? Je les soupçonne de dormir, à ce moment. Normal: vous dites des choses qu’ils savent déjà!
Si vous voulez que le recruteur relève le nez de ses papiers et s’intéresse à vous, vous devez le surprendre positivement, et donc faire ce que les autres ne font pas: commencez par votre phrase d’accroche: « j’aide les entreprises à… » Voilà déjà une bonne méthode pour sortir du lot! Puis, vous allez enchainer avec votre proposition de valeur: qu’est-ce que vous faites bien, comment vous le faites mieux/différemment de vos compétiteurs potentiels, pourquoi, et en quoi est-ce intéressant pour les entreprises en général et/ou l’entreprise qui vous reçoit. Vous avez 2 à 3 minutes pour faire cet exercice. Les deux premières minutes contiendront les éléments force, la dernière minute sera illustrative.
Taisez-vous, Elkabbach!
Cette phrase n’a jamais été prononcée par Georges Marchais, tout comme il n’a jamais dit cette phrase que j’aime beaucoup, et que je cite très souvent: « vous êtes venu avec vos questions, mais moi je suis venu avec mes réponses« . Reste que c’est très exactement ce qu’il faut faire en entretien!
Si votre proposition de valeur tient debout, alors, vous avez de 3 à 5 points importants qu’il faut aborder en entretien: les « ce que je fais bien ». Quand on vous pose la question « parlez-moi de vous » ou « pourquoi devrait-on vous embaucher plutôt qu’un autre », on vous donne l’opportunité d’organiser l’entretien. Votre proposition de valeur vous permet donc de créer le plan de l’entretien. Si vous êtes clair, votre recruteur notera ces différents points et vous interrogera sur eux. Et comme vous aurez mis en place cette proposition de valeur dans votre CV, votre mail de motivation, votre profil LinkedIn, votre portfolio, cette « petite musique » sera déjà dans sa tête. Vous avez les clés de l’entretien! Profitez-en!
Conclusion
Votre proposition de valeur vous permet de créer l’agenda de l’entretien, et ainsi d’influencer la manière dont celui-ci va se dérouler. Oubliez les phrases « bateau » et les mots vides: vous devez créer du contenu et de la densité. Vous devez impacter l’esprit de la personne qui vous recevra. Bien entendu, il ne s’agit ici que d’un article: difficile d’aborder toutes les techniques que j’aborde dans l’Ebook: « prenez le contrôle en entretien« , qui explicite plus avant cette approche et qui aborde aussi les éléments psychologiques, tels que les biais cognitifs, et l’exploitation des biais de recrutement.
N’oubliez pas que vos compétiteurs ont plus ou moins le même profil que vous, et que personne ne vous embauchera uniquement parce que vous pensez que « vous le valez bien »…