Soyez heureux, c’est un ordre!

Je propose à votre sagacité sans bornes cet excellent reportage d’ARTE, « le business du bonheur », préambule à quelques articles que j’avais en réserve sur les injonctions au bonheur en entreprise. Injonctions qui permettent de dédouaner les acteurs exogènes de leur responsabilité sur une partie (ou la totalité, si vous n’avez pas de chance) de votre bonheur. Après tout, si je prétends vous aider à trouver la carrière qui rendra votre vie meilleure, autant aborder le sujet du « meilleur » et donc du bonheur tout en démystifiant les solutions clés en main des néo-gourous.

Comme je l’ai annoncé, dans la prochaine infolettre, je parlerai de la psychologie positive, de son échec flagrant et du résultat de cet échec: le fameux Quiet-Quitting.

C’est le moment ou jamais pour vous inscrire à cette magnifique infolettre qui vous permettra de devenir riches, célèbres, beaux, qui ramènera votre amour perdu en moins de 72 heures et guérira vos aphtes. Et c’est ici:


Mais arrêtez de chouiner, à la fin!

Les humains se considèrent comme des êtres rationnels alors que ce sont des êtres rationnalisant : une fois qu’ils ont fait quelque chose, ils sont capables de trouver des raisons rationnelles a posteriori pour justifier ce qu’ils ont fait. Il ne faut pas cependant confondre ce trait avec la capacité à se trouver des excuses : des raisons toutes pourries données par les gens pour justifier qu’ils n’aient pas fait ou qu’ils aient écoué à faire quelque chose.

Parmi ces nombreuses excuses, il y en a une très populaire dans mon métier, notamment sur LinkedIn : les recruteurs sont trop exigeants, ils demandent trop de qualification, ils veulent des années d’expérience pour des postes de débutant, ils ne donnent aucune chance… Et c’est la raison pour laquelle les malheureuses victimes, les candidats, n’obtiennent pas d’emploi. Cela pourrait être une histoire réconfortante pour faire dormir les enfants. N’est-ce pas, d’ailleurs un conte de fées beau mais triste, qui vous fera vous sentir mieux et déresponsabilisé de vos échecs ?! Eh ben oui !

Hélas, la triste vérité est que la principale raison pour laquelle vous n’obtenez pas d’emploi n’est pas parce que les recruteurs sont mauvais et font tout ce qu’ils peuvent pour que vous n’en ayez pas un (mais peut-être que je me trompe et qu’ils conspirent secrètement contre vous!), mais bien parce que vous cherchez d’une mauvaise manière.

Au lieu de vous blâmer (comme vous le faites avec les recruteurs : honte à vous !), je vais vous donner un coup de main. Il y a trois choses que vous devriez faire si vous voulez trouver un emploi et que je vous soupçonne de ne pas faire:

  1. Faire des candidatures spontanées. Je comprends qu’il soit facile de simplement faire défiler les pages d’offres d’emploi : c’est plus facile que de torturer notre cerveau avec un vrai travail. De nos jours, les sites d’emploi ont même rendu les choses encore plus faciles avec la possibilité du « easy apply » : 2 ou 3 clics, et vous avez postulé à un emploi. N’est-ce pas fabuleux? Ma réponse est… Non! Les offres d’emploi ont un très mauvais retour sur investissement à moins que vous ne correspondiez à 100% des exigences (à quand remonte la dernière fois que vous ayez atteint ce score?). Si ce n’est pas le cas, vos chances sont proches de zéro, car vous ferez face à 50, 100 ou 500 concurrents. Peut-être serez-vous aussi digne de ce travail que les autres, mais un recruteur humain moyen gardera 10, 20 ou peut-être 30 CV (dans ce dernier cas, la personne est certainement stakhanoviste!) ce qui signifie que si vous avez répondu trop tard et que vous êtes le 31ème, votre candidature sera rejetée tout comme 100, 200 ou 300 autres. Ne parlons pas des bots qui filtrent les candidature à travers des critères non pertinents, des offres d’emploi qui ne sont en fait que des annonces d’emploi sans emploi derrière, ou d’un moyen de remplir les fichiers, ou tant et tant de raisons pour lesquelles les offres d’emploi sont un outil inutile pour 90% des demandeurs d’emploi.

  2. Cibler les entreprises auxquelles vous allez postuler. L’envoi de candidatures spontanées est indispensable, mais vous devez les envoyer aux bonnes entreprises. Il est absolument nécessaire de comprendre quelle est votre proposition de valeur et quel type d’entreprise elle pourrait intéresser. Les entreprises qui pourraient être intéressantes pour vous ne seront d’ailleurs peut-être pas les plus célèbres ou les plus populaires (cela signifie que cibler les entreprises ne signifie pas copier/coller les entreprises Fortune 500 de votre liste cible). Trouvez la correspondance entre vos compétences, vos intérêts, vos qualités, vos valeurs et celles des entreprises que vous étudiez. Vous n’avez pas besoin d’en trouver des centaines : si vous avez fait une excellente recherche, 10 entreprises suffiront pour trouver votre prochain employeur. Sur une recherche moins stricte, votre prochaine entreprise sera sur une liste de 50 entreprises (et si vous faites une recherche complètement merdique… Oubliez de trouver un emploi : allez à la pêche). Essayez de comprendre au mieux quelles sont les tendances, les enjeux, les projets des entreprises que vous étudiez et envisagez de rejoindre. Ensuite, demandez-vous comment vous vous intégreriez dans cette organisation. Personne ne vous demande de révolutionner la structure mais simplement de comprendre où pourrait être votre place dans cette organisation, et de montrer un réel intérêt.

  3. Faire le suivi. C’est l’ultime déclencheur de crises de chouinerie: « les recruteurs ne répondent pas à ma candidature ! » Mais pourquoi ne faites-vous pas le suivi par vous-même? Vous avez envoyé un courriel de candidature, VOUS devez contacter l’entreprise dans les 3 jours (max) pour vérifier que votre e-mail ne s’est pas bêtement retrouvé dans des spams. Cela vous permettra de connaître le statut de votre candidature, le processus de recrutement, le(s) nom(s) des responsables. Cela montrera également que vous vous sentez impliqué et que vous ne vous contentez pas de spammer le bouton « appliquer ». Croyez-moi, il est assez rare que les candidats le fassent et si vous voulez vous démarquer, c’est un bon début pour établir une réputation. Si vous êtes recalé, demandez des commentaires au lieu de courir sur les médias sociaux pour dramatiser : vous apprendrez quels sont les points faibles de votre candidature et encore une fois, cela améliorera votre réputation : n’oubliez pas que ne pas être retenu pour un emploi dans une entreprise maintenant ne signifie pas que vous n’y en obtiendrez jamais !

La recherche d’un poste vous oblige à faire quelques efforts. Aucune entreprise ne vous doit un emploi, vous devez le prendre vous-même. Travaillez sur votre processus de candidature, professionnellement.

Trouvez l’entreprise qui aura besoin de votre profil mais ne vous attendez pas à ce que toutes les entreprises aient besoin de votre profil.

Sébastien De Stoop (!)

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Relooker son profil LinkedIn

Dois-je vraiment relooker mon profil LinkedIn? LinkedIn est aujourd’hui une plateforme incontournable pour qui cherche un emploi salarié: dans le monde, ce Réseau « Social » compte officiellement 740 millions de membres. 840 000 entreprises y sont présentes. En France, on estime à 10 millions le nombre d’utilisateurs, dont 98% ont moins de 55 ans: la plateforme regroupe l’équivalent de 30% de la population active (c’est à dire les personnes qui sont en emploi ou au chômage).

A la lecture de ces chiffres, et considérant que « Viadeo » est désormais moribonde, la conclusion s’impose d’elle-même: si vous êtes à la recherche d’un emploi, bien entendu, vous devez avoir un profil LinkedIn. MAIS ce profil ne sera pas forcément votre porte d’entrée dans n’importe quelle entreprise: en France uniquement, on compte environ 150.000 entreprises (hors micro et auto-entrepreneurs), qui sont loin d’être toutes présentes sur LI… Et si 30% de la population active s’y trouver, cela signifie que 70% d’entre elle ne s’y trouve pas!
Désolé, mais comme toujours la lampe d’Aladin n’existe pas, et ce n’est pas avec seulement un super profil LinkedIn que vous trouverez forcément le super-job: vous devez multiplier les canaux de communication utiles pour relayer votre storytelling.

Bon alors, je laisse tomber LinkedIn?!

Bien sur que non. Premièrement parce qu’il y a des chances non négligeables que votre futur employeur s’y trouve (en France, 30%, si vous avez suivi), mais aussi parce que cet outil va vous permettre à la fois de proposer un profil « propre », mais aussi et surtout d’y mener une prospection active:

  • tout le monde n’a pas le temps, les compétences ou l’envie de se former à, et/ou de créer un portfolio ou un site internet et de faire une mise en page correcte; aussi, un profil LinkedIn est une manière simple et efficace de proposer un profil complet, organisé et agréable à lire.
  • le réseau va vous permettre à la fois d’entrer en contact avec des pairs (des gens qui font le même métier que vous), des recruteurs, et des employeurs potentiels (chefs de services, entrepreneurs). C’est cette construction de réseau, à animer, qui pourra vous apporter des opportunités d’emploi (ou d’affaires pour les freelance).

Ayez une utilisation intelligente de LinkedIn!

Le problème aves les réseaux sociaux est toujours le même: un nombre non négligeable d’utilisateurs n’a aucune idée de quoi en faire, et se contente de collectionner les contacts. Avoir 30 000 suiveurs n’est pas difficile dans l’absolu, mais hormis avoir la plus longue (liste de contacts), cela n’a pas d’intérêt, sans les interactions avec ce « réseau ». Votre objectif doit être d’attirer des profils qualitatifs, et de faire en sorte que les profils-cibles acceptent vos invitations. Nous verrons dans un prochain article comment accepter, refuser, mais aussi purger vos contacts.

Quel look donner à votre LinkedIn?

LinkedIn est une extension naturelle à votre CV, qui va fournir des détails et des preuves de ce que vous avez prétendu faire (pré-tendre: étymologiquement, suivi d’un verbe sous forme infinitive, signifie « avoir l’intention de », « espérer pouvoir faire »). Aussi votre profil doit-il à la fois répondre à certaines questions, mais aussi ouvrir les portes à des « questions d’entretien », celles que vous souhaitez aborder…

De manière générale, les plateformes sociales de l’Internet sont le royaume de la bien-pensance: les discours sont lisses, et vont tous dans le même sens. Les modes s’y succèdent, et chaque année voit surgir un ou une gourou toute neuve. Une année, il est trendy d’être favorable aux entreprises apprenantes, puis à l' »empowerment« , on y parle beaucoup de « work / life balance« , et tout cela est… Un bullshit intégral: ces plateformes sont un premier janvier sans fin avec son cortège de bonnes résolutions, jamais appliquées…

Non, je ne vous propose toujours pas d’abandonner LinkedIn, mais d’y travailler en conscience. Pourquoi pas d’ailleurs, puisque le mindfulness, la pleine conscience, est à la mode depuis  2019! Alors, prenez en compte le politiquement correct de votre secteur d’activité, et arrangez-vous pour rester dans ses limites: quelques accrocs (sans gravité), qui vous permettront de présenter rebelle, seront acceptés. Attention toutefois: on peut pimenter un peu son profil, mais le poivre noir est déjà borderline et le piment oiseau, quant à lui, est tout bonnement inacceptable…

Pas de regret à avoir, votre intégrité morale est sauve. Ce que je propose, c’est de créer votre propre « storytelling » (en français « manipuler ») afin de prendre les entreprises à leur propre jeu. Car vous voulez certainement qu’une entreprise vous recrute, comme salarié ou freelance, n’est-ce pas? 

Bannière, photo, et titre du profil.

Votre bannière doit représenter de manière imagée (forcément) et allégorique soit la façon dont vous vous projeter dans votre vie professionnelle, soit comment vous envisagez votre métier (ce qui revient au même). Encore une autre manière de le dire: votre bannière est la déclinaison en image de votre proposition de valeur (que vous avez du définir grâce à cet article).

Votre photo doit être la même que sur vos autres moyens de communication, y compris sur votre CV (je suis partisan de la photo sur le CV, nous en reparlerons). Deux solutions. Primo, la version politiquement correcte actuelle, qui consiste à prendre un pose « volontaire » (air assuré, buste un peu penché vers l’avant) et cool (pas de veste ou de cravate, pas de tailleur): Casual Everyday! Et si vous souhaitez vous affranchir de ces co… convenances, choisissez une photo naturelle, sur laquelle vous avez aussi un sourire (ou un rire) naturel: elle peut avoir été prise dans une situation professionnelle voire personnelle, l’important dans cette hypothèse étant qu’elle ait été prise à votre insu, sans poser. Veuillez noter que les audacieux pourront tout à fait, selon moi, utiliser un avatar: c’est utile si vous ne trouvez pas de bonne photo de vous-même, ou si vous souhaitez sortir du lot!

Votre titre doit ne pas être l’intitulé de votre poste recherché ou actuel, puisque c’est à cet endroit que vous devez inscrire votre proposition de valeur. Pourquoi? Eh bien, d’une part parce que vous devez garder votre attention et votre énergie à des choses qui en valent la peine, et que changer son intitulé de poste à chaque changement de situation professionnelle n’en fait pas partie. Par ailleurs, un intitulé de poste ne dit rien de vous, et particulièrement pas en quoi vous êtes différent des autres. Une bonne proposition de valeur sera beaucoup plus indicative mais aussi attractive.

La rubrique « infos »

Le travail préparatoire à la proposition de valeur est vraiment la pierre angulaire de mon coaching. Aussi, vous ne serez pas très étonnés que le travail fait nous serve, une fois de plus.
La rubrique « infos » va:

  1. dans un premier paragraphe, détailler votre proposition de valeur: qu’est-ce que vous faites bien et que vous proposez à un recruteur (de salariés, de freelance, ou de fournisseurs). C’est ce que les entreprises proposent comme vision.
  2. dans un second paragraphe, comment vous le faites: quelles sont vos techniques, vos moyens pour opérationnaliser votre proposition de valeur. C’est la mission.
  3. enfin, pourquoi vous le faites: quelles sont les valeurs qui sous-tendent votre action, et comment celles-ci se manifestent sous forme de qualités perso-professionnelles. C’est la partie valeurs du triptyque typique…

Une astuce: vous devez définir entre dix et quinze mots clés qui vont structurer votre fameux storytelling. Assurez-vous de les intégrer dans le texte, et pour les plus retords d’entre vous, il est tout à fait possible d’intégrer un dernier paragraphe constitué de mots clés en #…

Expérience et éducation

Cette rubrique est en général la plus rébarbative des profils que je lis. J’ai toujours l’impression que les candidats croient que tout le monde connait les entreprises dans lesquels ils sont passés. Ce qui est faux, bien entendu: d’une part, les PME ou TPE sont majoritaires, et il est rare que même en étant du secteur d’activité, on les connaissent toutes, et d’autre part les grandes entreprises sont souvent (mal) connues par leurs produits. De plus, le service que vous avez géré ou dans lequel vous avez travaillé n’est pas forcément représentatif de ce que produit votre entreprise passée…

Alors:

  • prenez une à deux lignes pour présenter l’Entreprise ou l’Ecole: que fait-elle ou quelle est sa proposition de valeur ou quelle est / quelles sont ses réalisations les plus marquantes? Vous pouvez indiquer son Chiffre d’Affaires, le nombre de ses salariés ou étudiants…
  • quelles étaient vos missions? Pourquoi faire vous payait-on? (Et si vous ne le savez pas… Il y a un problème!) Ou qu’alliez-vous y apprendre?
  • quels ont été vos résultats (chiffrables, tant que possible). Il faut pouvoir quantifier ce que vous avez apporté aux entreprises précédentes, pour que le lecteur puisse envisager ce que vous pourriez lui apporter, à lui.
  • enfin, dernier point, qui va montrer que vous savez prendre un recul positif sur votre expérience: indiquez en quoi cette expérience vous a fait grandir ou quelle est la leçon de vie que vous en avez tiré?

N’hésitez pas non plus à illustrer et à lier chaque expérience avec la page professionnelle de l’organisation, un lien vers son site, des médias montrant ce que vous y avez fait…

Compétences et recommandations

Pour cette section de votre profil, n’oubliez pas que LinkedIn vous demande d’en mettre trois en avant; pensez donc à mettre celles qui vous seront utiles! Par ailleurs, n’oubliez pas de demander à vos anciens collègues, supérieurs ou clients de recommander vos compétences: le service minimum consistera à cliquer sur les compétences qu’ils vous reconnaissent, et le top sera qu’ils écrivent un petit texte mettant en valeur ce qu’ils ont apprécié dans le fait de travailler avec vous.

Et si vous souhaitez un petit « hack », n’hésitez  pas à vous rendre dans la boutique pour acheter mon ebook (en précommande):
« ShaoLin-kedIn, faire décoller sa carrière grâce à UN réseau social« 
(0.99€ TTC)

Réalisations

Cette section vous permet de mettre en avant différents aspects de votre personnalité qui, bien entendu, pourraient intéresser un employeur: les langues que vous étudiez / parlez, les publications, brevets, les prix obtenus, les projets et les cours suivis… Il y a aussi a possibilité d’indiquer (« organisations ») les clubs dans lesquels vous pratiquez vos loisirs…

Il s’agit bien entendu de mettre en lien ces réalisations avec votre objectif professionnel, ainsi qu’aux compétences techniques (hard skills) ou sociales (soft skills), qualités personnelles et valeurs que vous souhaitez mettre en valeur. Vos réalisations viennent soutenir vos propos, elles ne sont pas une manière de faire du remplissage! 

Intérêts

Il ne s’agit pas ici de parler de vos intérêts extra-professionnels (« vélo, lecture, cuisine »: la marque des champions!) Mais des entreprises et des influenceurs qui vous intéressent. Pas forcément des gens que vous « aimez bien », mais qui ont un intérêt pour votre activité professionnelle. Là aussi, mettez vos intérêts  en accord avec ce que vous « vendez » sur votre profil, et évitez les politiciens!

Le minimum, quand vous faites une candidature, est d’avoir l’entreprise à laquelle vous postulez dans vos intérêts. A moins que vous ne soyez candidat auprès d’entreprises qui ne vous intéressent pas, ce qui vous promet une grande carrière!

Et ensuite?

Il vous reste désormais à créer des publications (posts et articles), à animer votre réseau, et à rentabiliser votre profil. N’oubliez pas que vous avez toutes les chances de changer d’emploi, voire de métier, plusieurs fois dans votre vie: n’abandonnez pas votre profil LinkedIn quand vous êtes en poste! Continuez à alimenter votre fil d’actualités, postez, écrivez des articles, et invitez de nouvelles relations.

On est de retour!

Et voilà! Finies les vacances!

Enfin pour vous, parce que ici, on ne prend pas de vacances… ou plutôt, c’est les vacances au travail (ou le travail en vacances toute l’année). Et vous devriez en faire autant! On vous en reparle bientôt.

Pour cette rentrée 2022, nous avons pris plusieurs résolutions:

  1. Le blog du site va prendre la place qui lui revient. Alors que jusqu’à présent, LinkedIn servait de blog principal, nous rapatrions ici les articles de blogs et les réseaux sociaux serviront de relais.
  2. Nous revenons sur les réseaux sociaux! Eh oui: LinkedIn (que nous n’avions jamais quitté), mais aussi Facebook, Instagram, Twitter et notre page Google Business.
  3. Les newsletter seront toujours au nombre de 4 (21 mars, 21 juin, 21 septembre, 21 décembre), et nous aurons une version envoyée par mail et une version sur LinkedIn. Dans chacune de ces infolettres, nous proposerons des offres exceptionnelles: formations complètes gratuites, coachings et bilans de compétences gratuits…
  4. Retrouvez aussi chaque mois un article de fonds sur l’une des nombreuses facettes du repositionnement professionnel et de la gestion de carrière!

SDS.

L’entretien d’embauche

L’entretien d’embauche, le graal des chercheurs d’emploi… Auquel ils se présentent sans l’avoir préparé! Dans cet article, je ne vais pas traiter des sempiternelles histoires de dix questions qu’il faut connaitre, des « techniques » telles que… »Arriver en avance » (?!) parce que tout cela a déjà été traité en long, en large et de travers, par des gens qui n’y connaissent pas bien plus que vous en la matière, mais qui ont la (mal)chance de devoir écrire des articles pour vivre. Ce dont je vais parler aujourd’hui, c’est de la stratégie que vous devez avoir en tête lorsque vous arrivez en entretien, et de la manière dont vous devez prendre le contrôle.

Rappels préliminaires

Si vous avez eu la chance de m’avoir comme coach (et sinon, il est temps de réserver un premier rendez-vous!) vous avez dû construire une proposition de valeur. Et comme cette proposition de valeur n’existe pas seulement pour faire joli, vous allez l’exploiter ici comme vous avez pu l’exploiter précédemment dans vos outils tels que la lettre de motivation ou votre profil LinkedIn ou lors d’évènements de réseautage… Et si vous n’avez pas construit de proposition de valeur, alors allez le faire: lire cet article sans elle ne sert à rien!

Il n’y a qu’une question en entretien

Tout d’abord, tuons un mythe: en entretien, il n’y a pas de question piège. D’une part parce que tout le monde connait les soi-disant « questions pièges », et que d’autre part un entretien ne sert pas à piéger mais à connaitre le candidat. J’avoue toujours être sidéré quand je pose la fameuse question « trois qualités et trois défauts » et que la réponse est malhabile: tout le monde connait cette question. Cette question n’est pas un piège: c’est un révélateur de feignasses! Quiconque aurait passé plus de 5 minutes à s’intéresser à ses futurs entretiens aurait forcément une réponse. Ou alors… Peut-être que vous ne voulez pas réellement un job?

Franchement, pourquoi allez-vous en entretien si vous n’avez rien préparé? Restez chez vous: vous perdez du temps, et vous en faites perdre à votre recruteur! Et comme il y a toujours un candidat qui a plus faim que vous, il vous passera devant.

Pour ceux qui souhaitent arrivés préparés en entretien, sachez qu’il n’y a en fait qu’une seule question: « Parlez-moi de vous ». Cette question, longtemps proposée par des recruteurs qui n’avaient pas préparé leur entretien (eux non plus), est en fait ce que l’on peut attendre de mieux d’un entretien, même si elle n’est pas la plus populaire. En général, le candidat va réciter son CV, sur le thème: « j’me présente, je m’appelle Henri, j’aimerais bien réussir ma vie, être aimé-eh » (Daniel Balavoine). Le début de réponse est donc souvent: « Eh bien je m’appelle Tartempion, j’ai tel âge, j’habite à Pétaouchnock, et je suis (titre du job) » et ensuite on a droit à l’expérience ou la formation, selon l’âge du candidat. Vraiment, la vie des recruteurs est difficile. Entendre des platitudes et des discours sans intérêt toute la journée, quel enfer!

Avez-vous remarqué, d’ailleurs, que lorsque les recruteurs vous posent cette question, il plongent leur nez vers votre CV ou leur feuille de notes? Je les soupçonne de dormir, à ce moment. Normal: vous dites des choses qu’ils savent déjà!

Si vous voulez que le recruteur relève le nez de ses papiers et s’intéresse à vous, vous devez le surprendre positivement, et donc faire ce que les autres ne font pas: commencez par votre phrase d’accroche: « j’aide les entreprises à… » Voilà déjà une bonne méthode pour sortir du lot! Puis, vous allez enchainer avec votre proposition de valeur: qu’est-ce que vous faites bien, comment vous le faites mieux/différemment de vos compétiteurs potentiels, pourquoi, et en quoi est-ce intéressant pour les entreprises en général et/ou l’entreprise qui vous reçoit. Vous avez 2 à 3 minutes pour faire cet exercice. Les deux premières minutes contiendront les éléments force, la dernière minute sera illustrative.

Taisez-vous, Elkabbach!

 Cette phrase n’a jamais été prononcée par Georges Marchais, tout comme il n’a jamais dit cette phrase que j’aime beaucoup, et que je cite très souvent: « vous êtes venu avec vos questions, mais moi je suis venu avec mes réponses« . Reste que c’est très exactement ce qu’il faut faire en entretien!

Si votre proposition de valeur tient debout, alors, vous avez de 3 à 5 points importants qu’il faut aborder en entretien: les « ce que je fais bien ». Quand on vous pose la question « parlez-moi de vous » ou « pourquoi devrait-on vous embaucher plutôt qu’un autre », on vous donne l’opportunité d’organiser l’entretien. Votre proposition de valeur vous permet donc de créer le plan de l’entretien. Si vous êtes clair, votre recruteur notera ces différents points et vous interrogera sur eux. Et comme vous aurez mis en place cette proposition de valeur dans votre CV, votre mail de motivation, votre profil LinkedIn, votre portfolio, cette « petite musique » sera déjà dans sa tête. Vous avez les clés de l’entretien! Profitez-en!

Conclusion

Votre proposition de valeur vous permet de créer l’agenda de l’entretien, et ainsi d’influencer la manière dont celui-ci va se dérouler. Oubliez les phrases « bateau » et les mots vides: vous devez créer du contenu et de la densité. Vous devez impacter l’esprit de la personne qui vous recevra. Bien entendu, il ne s’agit ici que d’un article: difficile d’aborder toutes les techniques que j’aborde dans l’Ebook: « prenez le contrôle en entretien« , qui explicite plus avant cette approche et qui aborde aussi les éléments psychologiques, tels que les biais cognitifs, et l’exploitation des biais de recrutement.

N’oubliez pas que vos compétiteurs ont plus ou moins le même profil que vous, et que personne ne vous embauchera uniquement parce que vous pensez que « vous le valez bien »…

ebook

Les e-mails et lettres de motivation

Les fameuses « lettres de motivation » sont-elles encore un outil utile à une époque où les candidatures sont essentiellement envoyées par mail ou via les plateformes de recrutement? Dans cet article, nous verrons comment optimiser ces documents dans le cadre de votre communication globale de recherche d’emploi.

Quelle est l’utilité des courriers de motivation?

Avant internet, pas de LinkedIn, pas de sites ou blogs personnels, le CV était la porte  de passage vers l’entretien d’embauche, et la lettre de motivation permettait de compléter le profil professionnel exposé dans le CV. Et comme son nom l’indique, à expliquer ce qui motivait le candidat à proposer sa candidature à cette entreprise en particulier.

Aujourd’hui, un candidat quel qu’il soit se doit d’avoir un profil professionnel quelque part: que ce soit LinkedIn, ou un site ou blog personnel, il faut amener le recruteur à lire votre page personnelle. Le courrier de motivation servira alors d’introduction à ce « monde » que vous proposez. Comment faire?

Envoie-t-on une lettre de motivation de nos jours?

Oui… Si on vous la demande! On trouve encore des organisations qui vous  demanderont une lettre « pour mettre dans le dossier », et il faut bien se plier aux règles, surtout dans le monde de l’entreprise qui n’est pas démocratique, et où le libre-arbitre et la liberté de faire ce que l’on veut sont tout aussi respectés qu’en URSS… Par ailleurs, des sites de recrutement « légèrement » rétrogrades (Pole-Emploi, APEC…) vous demanderont une lettre de motivation. A ne pas négliger, car le gratte-papier « en charge », qui généralement ne connaitra rien à votre métier, l’utilisera pour se faire une première impression, et donc sélectionner, ou pas, votre candidature. Je vous rassure: ce technocrate à tampon se trouve aussi en entreprise! Mais de moins en moins, puisque la sélection se fait de plus en plus via des logiciels.

Heureusement, de plus en plus l’envoi d’un CV se fait par mail, et s’accompagne uniquement d’un mail d’introduction qui servira de mail de motivation. Pas besoin, désormais, de vous casser la tête avec une lettre de motivation se suffisant à elle-même. Nous allons donc nous focaliser sur cette idée. Ce que nous allons dire ensuite sera valide si on vous demande une lettre spécifique, il suffira alors de faire un peu de mise en page. Voici les règles:

Pas de redites!

Très souvent les courriers de motivation se contentent de reprendre des éléments du CV, ce qui fragilise les deux outils: vous montrez à la fois que vous ne savez pas comment motiver votre candidature, mais aussi que vous trouvez que votre CV n’est pas suffisamment explicite. Hors, votre objectif doit être que le recruteur visite tous vos outils: lettre, CV, page personnelle, voire autres outils. Vous devez donc créer de l’intérêt: votre mail de motivation doit donner envie de lire votre CV tout en créant un a priori positif, et votre CV devra conduire votre lecteur vers vos autres outils.

Le lecteur doit donc trouver du nouveau à chaque étape. Sinon, il considérera que vous radotez et n’ira pas plus loin, considérant avoir vu tout ce qu’il y avait à voir.

Un contrat est synallagmatique!

En français moyen: équilibré. Pour faire une bonne lettre de motivation, vous devez vous souvenir que l’employeur ne vous fait pas une grâce en vous employant (contrairement à tout ce qu’on peut vous raconter): vous échanger vos capacités contre un salaire, et normalement, ce salaire est juste (sinon, eh bien, vous n’acceptez pas!) Vous devez donc oublier les champs sémantiques de l’espoir, de l’attente, et tous les termes qui vont vous mettre en position d’infériorité: quand vous achetez votre baguette chez le boulanger, celui-ci ne devient pas inférieur à vous parce que vous lui donnez de l’argent: vous le rétribuez pour un produit et un service, au prix qui vous parait juste. Mettez-vous en position d’égalité avec votre lecteur. Proposez-lui un « deal »!

La forme: Vous, Moi, Nous

Un bon courrier de motivation fera une dizaine de lignes (sur un format A4, typo Arial 10, par exemple).

Dans l’objet du mail ou de la lettre, on indiquera: « candidature au poste de ABCD, offre 1234 parue sur le-site-untel le telle-date » ou, pour une candidature spontanée, « offre de services métier-visé« . C’est court, efficace, et cela indique bien ce que vous recherchez: inutile de « faire des tartines »!

Première partie: « vous »

Dans la première partie, vous allez indiquer les tâches à effectuer à la fois recherchées par l’entreprise mais aussi que vous pouvez remplir au mieux. Comme elles sont censées être en adéquation avec votre profil – sinon, pourquoi postuler? – vous allez pouvoir enchainer avec votre proposition de valeur, ce qui vous servira de transition, et conclure que c’est la raison pour laquelle vous proposez votre candidature.

Exemple: « vous recherchez actuellement une personne pour accompagner les chercheurs d’emploi dans leur transition professionnelle: j’aide les gens à trouver la carrière qui rendra leur vie meilleure, et c’est pourquoi je vous propose mes services. »

Deuxième partie: « moi »

Difficile de faire une deuxième partie à votre sujet si vous ne reprenez pas votre CV, me direz-vous. Eh bien, en fait, si. Comme dans la première partie vous avez glissé votre proposition de valeur, il ne vous reste ici qu’à introduire deux choses:

  • premier paragraphe: techniquement, comment faites vous ce que vous dites faire
  • deuxième paragraphe: quelles sont les valeurs à faire les choses comme vous le faites (c’est le « pourquoi »).

On retrouve ici ce qui sera développé dans la rubrique « infos » de votre profil LinkedIn, mais d’une part en plus court, et d’autre part, mis en phase avec le profil de l’entreprise que vous visez. Car oui, qu’il s’agisse d’une offre d’emploi – qui vous donnera toutes les informations dont vous aurez besoin – ou d’une candidature spontanée – pour laquelle vous devrez chercher à retrouver les informations qui vous seront utiles, c’est ce paragraphe qu’il faudra adapter pour déjà faire comprendre que vous correspondez à l’esprit « maison »: tout autant les techniques que les valeurs que vous mettrez en avant dans votre courrier doivent correspondre à ce qui est attendu dans l’entreprise.

Notez que cela ne vous empêche pas de faire des publipostages, simplement vous devrez ajouter deux champs calculés…

Dernière partie: Vous & Moi (« Nous »)

Voici la partie la plus simple. Ici, vous allez simplement proposer au recruteur de vous rencontrer. Vous n’allez pas espérer que votre candidature l’intéressera, vous n’allez pas être dans l’attente d’une réponse. Vous allez proposer, par exemple, « d’évoquer ces points ainsi que tous ceux que vous jugerez utile lors d’un entretien prochain« . Vous devez être proactif.

Une formule de politesse très simple (« bien cordialement » ou « très sincèrement »), une signature, et voilà: le tour est joué!

Si vous souhaitez faire analyser votre propre lettre de motivation, nous vous offrons ce micro-service pour moins de 5€. Nous analysons votre CV, vous envoyons un feedback complet et les pistes d’amélioration, ainsi que l’ebook: « le meilleur CV pour VOUS » qui contient une partie dédiée aux courriers de motivation.

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Les CV: 7 conseils de base

S’il y a a bien un outil emblématique de la recherche d’emploi, c’est le CV! Un outil absolument formidable que quasiment personne ne comprend, y compris les recruteurs et les « consultants » censés accompagner les personnes en recherche d’emploi… Dans cet article, nous allons passer en revue sept incontournables de cet outil.

La présentation vient en dernier!

Non, la première étape n’est pas de rechercher un modèle. A ce stade, on se fout que votre CV soit bleu, jaune ou vert, de la taille et de la police de caractères… Si votre CV est minable, que sa présentation soit fascinante ne sauvera rien. Ce qui compte dans un premier temps est que vous soyez au clair avec les compétences que vous avez à proposer, et surtout, que vous ayez une proposition de valeur comme candidat (PVCC).

Faites le tri: votre CV n’est pas un vide poches!

Dans 99% des cas, votre CV peut tenir sur une page, quelle que soit la durée de votre expérience, quelles qu’aient été vos responsabilités. Un CV de plus de deux pages est le symptôme de trois choses seulement:

    1. Un manque de travail sur le CV
    2. Un ego boursouflé
    3. 1 + 2

Réduisez à une ligne toute ce qui concerne vos expériences datant d’il y a plus de 10 ans, et gardez-en uniquement les compétences qui restent d’actualité dans la rubrique éponyme. Faites de même pour les formations et la scolarité: indiquez votre diplôme le plus élevé: si vous avez un Master, cela signifie que vous avez le niveau de tous les précédents. De même, gardez uniquement les compétences que vous maitrisez toujours: ce dont vous n’êtes plus capable n’a pas d’intérêt. Et en parlant d’intérêts, gardez uniquement une rubrique « centre d’intérêts » si vos loisirs permettent de confirmer une qualité que vous avez cité dans le CV. 

Un CV est une porte d’entrée

Il y a 10 ou 15 ans, un CV était censé vous ouvrir (ou vous fermer) la porte vers un entretien; directement. Avec l’ultra-démocratisation de l’Internet, le faible prix (voire la gratuité) de création d’une page personnelle, qu’elle soit un site ou simplement un profil LinkedIn, vous avez l’opportunité d’inviter à en savoir plus sur vous très vite, juste en suivant quelques liens. Le CV est donc vraiment devenu un flyer qui doit pousser le lecteur à l’action.

C’est pourquoi le CV doit répondre à deux exigences a priori discordantes: lui donner à voir tout ce dont il a besoin en quelques secondes et l’amener à s’attarder sur votre profil. A première vue, c’est contradictoire, mais si vous y pensez… Quand vous voyez une publicité, vous repérez en 2 ou 3 secondes si le produit vous intéresse, s’il est dans votre gamme de prix, s’il répond à un besoin. Si oui, vous allez chercher à en savoir plus, et si ce qu’on vous raconte provoque l’impression que cet article répond bien à votre besoin et à vos contraintes, alors vous allez cliquer pour visiter le site. Vous devez créer cette cascade chez votre lecteur pour vendre vos services. En cela, le CV est une porte d’entrée, et vous devez amener le lecteur de votre CV à la pousser…

Le titre du CV

Est-ce que, si vous êtes développeur web, vous faites souvent des candidatures d’apprenti-boucher? Ou inversement? Est-ce que, chez vous, vous mettez une étiquette « parapluie » sur vos parapluies, une étiquette « tasse » sur vos tasses, « chaise » sur vos chaises, et cetera et cetera? C’est idiot, non? Alors pourquoi diable voulez vous écrire « Développeur Web » sur un CV de développeur web!? (Ou pire encore « Curriculum Vitae »!)

Quand vous allez envoyer une candidature, elle sera soit en réponse à une annonce, soit spontanée. Dans les deux cas l’objet de votre mail (ou de votre courrier) indiquera: « candidature au poste de XYZ » ou « Candidature au poste de XYZ – offre 12345 parue sur ABCD.com« . Et voilà, le recruteur sait pourquoi vous lui envoyez un message. Alors, hormis si vous êtes farceur ou si c’est le 1er avril, il y a de grandes chances que le CV corresponde à quelqu’un souhaitant exercer le métier de XYZ, n’est-ce pas? Inutile alors de gâcher de la place avec des redites et des informations sans intérêt:

Le titre de votre CV doit être votre proposition de valeur

C’est ce que l’on appelle en général une phrase d’accroche. Votre lecteur va donc lire une phrase du genre: « j’aide les entreprises à faire quelque chose de spécial« , ce qui aura quand même une autre gueule que « mon titre raplapla« . Cette phrase, si elle est bien trouvée va éveiller l’intérêt du lecteur, et donc lui faire lire la suite. C’est là votre objectif.

Ici et Maintenant

Je suis certain que votre maman ou vos enfants (sauf si ils sont ados) ou juste vous-mêmes êtes très fiers de tout ce que vous avez fait auparavant, et en effet, ce que vous avez pu faire avant a de la valeur. Pour un recruteur, cependant, tout cela a une valeur de démonstration, de preuve de ce que vous êtes aujourd’hui, de ce que vous pouvez fournir à son entreprise aujourd’hui, ici et maintenant. Le CV doit donc mettre en avant les compétences, qualités, valeurs valides et utiles aujourd’hui. On doit comprendre, en le lisant, l’aboutissement de votre carrière au moment t. C’est pourquoi les expériences datant de plus de dix ans seront rapidement résumées (vous développerez à loisir sur votre profil LinkedIn), et que seules les compétences encore détenues à ce jour seront gardées. Posez-vous la question: savez-vous encore exécuter telle ou telle tâche? Si non, alors, gardez les compétences associées à cette tâche pour votre profil LinkedIn.

Mettez en avant votre storytelling

De manière incroyable, on voit encore des candidats qui ne savent plus ce qu’il y a dans leur CV, ou qui ont créé un CV qui leur tire une balle dans le pied! Souvenez-vous que votre objectif est d’arriver à un entretien. Lors de cet entretien, entre les formules de politesse (« vous avez trouvé facilement », « vous voulez un café ») la présentation de ‘interlocuteur, et les formules de prise de congé… Il restera en général environ 45 minutes. Pendant ces 45 minutes, vous devrez faire en sorte d’aborder 5 points essentiels qui devront s’imprimer dans la tête du recruteur.

Le CV est l’endroit où vous allez induire ces sujets, car il s’agit bien d’aborder les questions que vous souhaitez aborder, et non pas de se faire promener à la guise du recruteur: pour convaincre, vous devez avoir la parole. Cette parole doit être utile et efficace. Aussi, au delà de répondre aux besoins spécifiques de l’entreprise que vous rencontrez, vous devez mettre en avant la qualité de votre candidature et votre proposition de valeur. Trouvez donc les 5 points que vous devez aborder dans votre entretien, puis maillez votre CV avec ces points.

Trop de détails tue le détail

Les jeux arithmétiques lassent. Au bout de 10 ou 50 CV, personne n’a plus envie de calculer l’âge des candidats: aidez le recruteur, et indiquez-lui votre âge plutôt que votre date de naissance en entier! De même, il y a peu de chances que le recruteur vous envoie un colis surprise, et ce qui l’intéresse, c’est où vous habitez, pas votre numéro de boite aux lettres: la commune ou l’arrondissement suffiront! Enfin, inutile d’indiquer les mois et jours de début d’expérience: si une expérience a duré plusieurs années, alors indiquez simplement les années; si une expérience a duré quelques mois, indiquez l’année pendant laquelle elle a démarré et entre parenthèses le nombre de mois: hormis quelques cas psychiatriques (à éviter), le recruteur ne fera pas de comptes d’apothicaire.

Conclusion

Le CV est un exercice de persuasion, de clarté et de transparence. Vous devez convaincre le lecteur de vous accorder plus de temps, en visitant vos autres outils de communication (profil LinkedIn, site personnel) ou en vous invitant à l’étape suivante de son recrutement. Si vous voulez le convaincre, il faut lui donner à lire ce qui sera intéressant pour son organisation: vos promesses incantatoires (« si vous m’embaucher, vous allez voir ce que vous allez voir ») ne convaincront personne, ni votre « envie d’évoluer »: il ne s’agit pas, dans un CV, de parler de vous: il s’agit de mettre en avant ce que vous pouvez faire pour l’entreprise.

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La Proposition de Valeur Comme Candidat

Je suppose que vous avez déjà entendu parler de la proposition de valeur ? En anglais, on parlera de Value Proposition ou encore de Unique Sales Proposition (USP). C’est un concept très courant que tous les vendeurs connaissent (ou devraient connaitre). Connaitre le concept et l’appliquer sont deux choses différentes, bien évidemment. Aujourd’hui, je vous propose un parallèle entre l’USP, et l’UCP : the Unique Candidate’s Proposition ou Proposition de Valeur comme Candidat (PVcC !)

Vendez vos talents

En tant que candidat, la toute première chose que vous devez faire est d’arrêter de dire que vous allez  « vous vendre ». Se vendre est un autre métier, et est généralement considéré comme le plus ancien métier du monde!
Ce que vous vendez est un produit (au sens étymologique du terme) qui combine vos qualités humaines et votre personnalité : passion, valeurs, croyances, compétences, savoir-faire, savoir-être, connaissances. Ainsi qu’une partie de vos rêves, attentes, histoire. Comme vous pouvez le constater, votre produit – qui est en fait un service – est très complexe. Je pense d’ailleurs qu’il est plus complexe que n’importe quelle machine sur Terre. Et cela est vrai quel que soit votre métier : ouvrier agricole, pâtissier, danseur, président-directeur-général, tous, vous offrirez la complexité de vos talents à une organisation

Vous allez donc vendre l’utilisation de ce produit. D’un point de vue économique traditionnel ou « utilitariste », vous échangez toutes ses composantes contre un salaire. Nous pouvons également dire que vous vendez un service complexe à des entreprises qui ont besoin de quelque chose qui lui ressemble plus ou moins. Vous devrez faire la publicité de ce service, de sorte que les entreprises seront prêtes à l’acheter au bon prix. Encore une fois: que vous soyez «juste » un employé de la construction , un concierge, ou un docteur en physique quantique, vous aurez besoin d’être en mesure de le « marchandiser » correctement.

Définir sa PVcC n’est pas facile!

Pendant des années, j’ai travaillé avec des cadres supérieurs, et même eux -même s’ils croient parfois que leurs postes élevés leur ont donné une sorte d’omniscience – ont des difficultés à trouver leur propre UCP. « Vice-président », « leader » – même avec de l’expérience (qui n’est en aucun cas un gage de qualité) – rien de tout cela n’est unique. Faites une recherche rapide sur Linkedin pour « Vice-Président » ou « leader chevronné »: vous trouverez des millions de résultats. Ce qui est unique, c’est ce que vous apportez à une entreprise, que vous êtes le seul capable d’apporter parmi – au moins – vos concurrents. C’est difficile à trouver ou à formuler. Mais c’est la pierre angulaire de toute votre recherche d’emploi : une fois que vous l’aurez trouvé, vous serez  en mesure de concevoir un bon profil LinkedIn, un CV magnifique,  vous serez  en mesure d’agir correctement lors d’événements de réseautage, et de convaincre lors des interviews.

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Alors, qu’avez-vous à trouver?
Vous

Tout d’abord, qu’est-ce que vous faites bien? Qu’avez-vous avez à offrir? C’est le cœur de votre positionnement sur le marché. Vous devez  réaliser ce que vous apportez de spécial, d’unique. Notez que les années d’expérience ne sont pas spéciales : il y aura toujours des gens qui ont plus d’expérience que vous dans un poste ou une industrie. On pourrait dire de même des écoles ou des diplômes : est-ce que seul le meilleur diplômé de Harvard mérite de trouver un emploi ?

Les mots emphatiques non plus, ne sont pas uniques: déclarer que vous êtes «chevronné», « le meilleur », un «leader naturel » est flou, arrogant, trop couramment utilisés pour être pris au sérieux, et très souvent… Faux ! Ce que vous devez trouver est quelque chose que vous serez  en mesure de prouver, avant même de travailler pour l’entreprise : personne ne sera bluffé par vous, prétendant que vous êtes le meilleur, et que si le recruteur veulent des preuves qu’elle/il a juste à vous embaucher (sérieusement, avez-vous  vraiment cru que cela fonctionnerait?!) Alors trouvez ce que vous pouvez faire pour une entreprise (et non pas ce qu’une entreprise peut faire pour vous).

Ce que les entreprises veulent

Ensuite, vous aurez besoin de savoir ce que veulent les entreprises avec lesquelles vous voulez travailler. À ce stade, nous devons faire une nouvelle pause.

En raison de votre histoire, en raison de vos connaissances et de la manière dont vous les avez obtenues, en raison de votre personnalité, vous ne pouvez tout simplement pas travailler pour n’importe quelle entreprise. « Tout » est un mot qui doit être interdit dans votre recherche d’emploi. Votre profil est adapté à un certain nombre d’entreprises.

Il se limite également à un certain nombre de contextes: les limites géographiques sont les plus courantes. Si vous ne parlez pas une langue étrangère, si vous ou votre famille êtes attachés à une région, une ville ou un pays, votre marché cible sera encore plus limité. Vous devez définir les secteurs d’activité dans lesquels vous pouvez travailler: certains d’entre eux sont conservateurs et n’embaucheront pas d’étrangers, certains n’embauchent que des ingénieurs à tous les niveaux, etc. Et puis, vos propres contingences, votre morale propre vous dissuadera peut-être de travailler dans certains secteurs : armes, tabac, abattage animal…

Une fois que vous savez avec quelles entreprises vous voulez travailler, vous devez définir si elles sont vraiment à la recherche de quelqu’un comme vous. Regardez non seulement les compétences et l’expérience, mais aussi quelles valeurs vos entreprises potentielles portent vraiment, quelle est leur culture, quel genre de personnes y travaillent… est-ce que vous avez le profil type ?

Benchmarking

Et, finalement, vous devez savoir ce que vos concurrents (les autres candidats) font bien, ce qu’ils offrent que vous n’avez pas. Sur LinkedIn, par exemple, lorsque vous répondez à une annonce d’emploi, et que vous avez un compte premium, vous pouvez voir des statistiques sur ce qui vous différencie des autres. Cela vous aidera à ajouter à votre profil les compétences que vous pourriez avoir oublié, regarder d’où viennent les autres candidats, voir ce qu’ils ont et vous n’avez pas…
Une fois que vous  saurez ce que vous apportez de spécial à une entreprise, ce que les entreprises sur votre marché cible veulent, et ce que vos concurrents font bien (et savoir comment les contrer),  vous saurez vraiment quelle est la proposition de votre candidat unique.

Alors maintenant, que vous soyez à la recherche d’un emploi, ou que vous pensiez évoluer au sein de votre organisation, posez-vous cette question: « quelle est ma Proposition de Valeur comme Candidat ? »

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Histoire du 1er mai

Introduction

Le 1er mai est à la fois une journée internationale et un jour sacré chez les celtes. Fidèle à mes habitudes, je vais donc vous parler d’un peu de mon identité sociale, de la fête du travail ou fête des travailleurs, et enfin je vais vous bousculer un peu, puisque nous avons eu l’occasion de parler de la place du « travail » et que l’on parle toujours et encore de la « work-life balance ». Comme ils disent sur Youtube: allez bien jusqu’au bout (de l’article)!

Identité sociale : la fête de Beltaine

Dans la tradition celtique, le premier mai marque le début de la saison de Beltaine, une fête dédiée à la fertilité et à la renaissance de la nature. Succédant à Samain, Imbolc et Ostara, Beltaine célèbre l’arrivée de la saison claire et est associée aux entités divines de la partie diurne de l’année indo-européenne, en particulier le feu. Les noms de Belenos et Belisama lui sont donc souvent associés. Le « feu de Bel » est un feu de purification bénéfique suscité par des incantations efficaces, et le feu de Beltaine est considéré comme puissant, sacré et fort.

Encore aujourd’hui, dans les régions où les traditions celtiques sont célébrées, des feux de joie sont allumés pendant la nuit de Beltaine pour honorer les dieux et déesses celtes. Autrefois, on faisait passer le bétail entre les feux afin de le protéger des épidémies pour l’année suivante. Les célébrants décorent également les arbres et les maisons avec des rubans et des fleurs, symbolisant la renaissance de la nature et la fertilité. On trouve encore les mâts de mai, de grands poteaux plantés dans le sol avec des rubans de toutes les couleurs attachés en leur sommet, chaque participant tournant autour du mât avec un ruban dans la main.

Certains avancent que la tradition d’offrir du muguet le premier mai remonte à l’époque celtique. Le muguet était considéré comme une plante sacrée, symbole de la déesse de la fertilité et de la nature, Beltaine. Éphémère, il était capable de chasser les mauvais esprits et d’apporter la bonne fortune. Offrir des brins de muguet était donc une façon de célébrer la fête de Beltaine et d’apporter des bénédictions à ses proches. Cette tradition s’est perpétuée au fil des siècles et est encore bien présente aujourd’hui dans de nombreux pays.

Historicité sociale : la lutte ouvrière

De manière moins joyeuse, le premier mai est aussi une journée emblématique de la lutte ouvrière. Cette journée rappelle les sacrifices des travailleurs pour obtenir des droits fondamentaux, en particulier la journée de travail de huit heures. Cette lutte pour les droits des travailleurs remonte au XIXe siècle, lorsque les travailleurs ont commencé à se battre pour des conditions de travail plus justes. Car oui, les gens : si vous ne travaillez pas le premier mai et si vos journées ne durent que 8 heures (voire 7, en France), cela vient de la lutte ouvrière, pas de la bienveillance de vos employeurs…

En 1886, à Chicago, les travailleurs américains organisèrent une grève pour exiger une journée de travail de huit heures. Le 1er mai, suite à une mobilisation, la police chargea la foule au moment de sa dispersion (ça vous rappelle des choses ?).

Bilan: deux manifestants furent tués et 10 blessés. En réaction, une manifestation pacifique fut organisée. Là aussi, tout se passait bien mais au moment de la dispersion, 180 agents de l’ordre chargèrent les quelques centaines de manifestants restants, à Haymarket Square, Chicago. Une bombe fut lancée dans la foule, des coups de feu tirés… Bilan : douze morts et cent trente blessés. Cette tragédie est connue sous le nom de massacre de Haymarket.

En France, le premier mai a également une mémoire tragique pour les travailleurs. Le 1er mai 1891, une manifestation pacifique fut organisée à Fourmies, dans le Nord de la France, pour demander la journée de travail de huit heures (le temps de travail allait généralement de 12 à 15 heures par jour, six jours sur sept, dans des conditions déplorables). La soldatesque, équipée d’armes de guerre (le célèbre fusil Lebel), ouvrirent le feu sur les manifestants, tuant neuf personnes, dont quatre enfants. Écoutez ici Franck Ferrand, dans « Au cœur de l’histoire » : https://youtu.be/mobaEY4zhgI.

Aujourd’hui, le premier mai est, ou devrait être, célébré comme une journée de solidarité entre les travailleurs. Il me semble nécessaire de rappeler les sacrifices des travailleurs du passé pour revendiquer de meilleurs droits et conditions de travail, ainsi que la nécessité de l’union dans la lutte pour une société plus juste et plus égalitaire.

Réalité sociale : travaillez-vous vraiment ?

Vous me connaissez, cela me serait difficile d’écrire un article sans controverse. Le mot «travail» vient du latin «tripalium», un instrument de torture composé de trois pieux. Le mot «labeur», qui donne labour en anglais, vient du latin «labor»: la peine, la souffrance, ce qui fait défaillir, ce qui effondre le corps. Ces étymologies révèlent l’origine négative de ce terme de travail qui, chez les judéo-chrétiens est une punition divine, infligée aux hommes après la chute d’Adam et Eve. Il était autrefois réservé aux esclaves, aux paysans et aux ouvriers, alors que les nobles et les aristocrates étaient exemptés de ce fardeau. Exempté, voire interdit : un nobliau qui voulait labourer un champ devait le faire l’épée à la ceinture pour ne pas perdre son titre, et les activités de commerce étaient interdites aux nobles.

Avec la révolution industrielle, les gens ont quitté leurs terres et rejoint les armées d’employés et d’ouvriers. Puis, avec la sous-traitance de nos productions à des pays à «faible coût de main d’œuvre», les emplois tertiaires ont explosé, et nos populations actives sont devenus des «armées mexicaines». En France, par exemple, on compte plus de 5,2 millions de «cadres» pour 27 millions d’actifs occupés ayant un emploi: un chef pour 5 employés ! Et par ailleurs, quasiment 80% de ces actifs employés travaillent dans le secteur tertiaire.

La définition du travail s’est donc élargie pour inclure des activités intellectuelles telles que la recherche, la gestion des affaires ou la création artistique. Mais cela soulève une question essentielle: est-ce que tout ce que nous appelons «travail» est vraiment du «vrai» travail ? Ne devrions-nous pas distinguer entre ce qui est vraiment épuisant et ce qui ne l’est pas ? Le véritable travail, au sens étymologique du terme, devrait être physiquement épuisant et entraîner une fatigue réelle. En d’autres termes, il devrait être ce qui «effondre» le corps, comme c’est le cas des ouvriers d’usines (même ceux qui fabriquent vos T-shirts à l’autre bout du monde), les mineurs, les travailleurs agricoles, les chauffeurs routiers, les livreurs, les éboueurs, les égoutiers, les serveurs, les femmes de ménages et femmes de chambre, les jardiniers, les cantonniers, mais aussi les chirurgiens, les aides-soignantes, les aides à domiciles… Ces métiers «indispensables» que l’on encensait pendant la crise du CoVid pour les renvoyer à notre dédain celle-ci terminée.

Je trouve donc inexact d’appeler «travail» des activités qui n’épuisent pas le corps, et dont le plus grand risque professionnel consiste souvent à se couper le doigt avec le bord d’une feuille de papier. Pour ces activités, il serait plus approprié de parler d’activités professionnelles ou, comme en anglais, d’occupations. En effet, cela éviterait de galvauder la signification du mot «travail» et permettrait de mettre en évidence la valeur de l’effort physique nécessaire à la production et à la fabrication de biens et de services.

Oh, je comprends bien que mes camarades de LinkedIn, notamment, dont quasiment aucun n’exerce un métier physique et dont la principale dépense physique se fait sur des tapis de course ou dans des cours de Zumba, risquent fort de ne pas être d’accord, et de me dire «Eh ! Toi-même d’abord ! C’est çui qui dit qui y’est». Et je ne parle même pas de mes étudiants, épuisés par un privilège dont une bonne partie des habitants de la planète sont privés… Je souhaite donc vous répondre que oui, je considère qu’aujourd’hui j’ai une activité professionnelle qui n’est pas un travail. J’ai «travaillé», plus jeune, pendant mes vacances ou mes études : ouvrier agricole, manutentionnaire, serveur… Et c’est d’ailleurs ce qui me permet de considérer ma position actuelle comme un privilège. Je crois aussi que c’est ce qui me permet de ne pas traiter les gens qui ont des travaux pénibles comme de la m… Ou de considérer qu’une personne au foyer travaille alors que le gratte-papier moyen, non.

On me renverra, comme souvent, à la «charge mentale» ou aux «burn-out». Or, ces difficultés ne sont pas liées aux tâches elles-mêmes : j’ai accompagné beaucoup de personnes qui avaient fait un burn-out ; le problème vient toujours d’une surcharge de tâches ou d’un environnement toxique, quasiment jamais du travail lui-même. Les gens aiment leur occupation mais pas ses conditions. C’est à mettre en parallèle avec le mode de vie d’un paysan, par exemple, dont la journée commence avant l’aube pour se terminer à la nuit (et pendant les moissons au milieu de la nuit !), ou celle d’un cuisinier, d’un boulanger (un vrai) ou un boucher : qui manient à longueur de journées des sacs, des pièces de viande, des ustensiles lourds. Pensez un peu aux ouvriers d’abattoirs, métier qui détient le record des Troubles Musculo-Squelettiques et des maladies professionnelles.

Enfin, quand je parle «d’épuiser le corps», cela ne signifie pas juste «être très fatigué», cela signifie épuiser comme une pile, comme un stock, s’épuisent. La catégorie des «métiers pénibles» que l’on devrait simplement appeler «travail» est celle dont l’espérance de vie est la plus faible (tout comme le revenu d’ailleurs). Quelle est, au final, la souffrance d’un «travail» qui ne contient aucun risque professionnel, qui vous permet d’être dans les catégories les mieux payées et qui vous assure de l’espérance de vie la plus longue.

Les mots ont un sens. Et en fait, cher lecteur, il y a toutes les chances que votre activité professionnelle ne soit pas un travail. Ce n’est pas une insulte et vous devriez à tout le moins le reconnaître et au mieux vous en réjouir.

Bonne fête des travailleurs, joyeuse fête de Beltaine!